venerdì 18 settembre 2015

A nessuno parlo, all'infuori dell’eco, a nessuno

Portovenere

Di nuovo cupo il mare. Tu capisci,
è l’ultima notte. Ma chi chiamo ? A nessuno
parlo, all'infuori dell’eco, a nessuno.
Dove strapiomba la roccia il mare è nero, e rimbomba
in una campana di pioggia. Un pipistrello
urta come stupito sbarre d’aria,
e tutti questi giorni sono persi, lacerati
dalle sue ali nere, a questa gloria
d’acque fedeli resto indifferente,
se ancora non parlo né a te né a niente. Svaniscano
questi « bei giorni »! Parto, invecchio, che importa,
il mare dietro a chi va sbatte la porta.

Philippe Jaccottet
Il Barbagianni. L’Ignorant 
(con un saggio di Jean Starobinski
a cura di Fabio Pusterla
Einaudi 1992

da L’Effraie 
Gallimard 1953

La mer est de nouveau obscure. Tu comprends,
c’est la dernière nuit.Mais qui vais-je appelant ?
Hors l’écho, je ne parle à personne, à personne.
Où s’écroulent les rocs, la mer est noire, et tonne
dans sa cloche de pluie. Une chauve-souris
cogne aux barreaux de l’air d’un vol comme surpris,
tous ces jours sont perdus, déchirés par ses ailes
noires, la majesté de ces eaux trop fidèles
me laisse froid, puisque je ne parle toujours
ni à toi, ni à rien. Qu’ils sombrent, ces « beaux jours »!
Je pars, je continue à vieillir, peu m’importe,
sur qui s’en va la mer saura claquer la porte.


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